L’anosognosie est un trouble peu connu mais relativement courant chez les personnes âgées, notamment celles atteintes de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Comprendre ce phénomène, ses implications, et comment le gérer peut grandement aider les familles et les soignants à mieux soutenir leurs proches. Cet article, proposé par CetteFamille, entreprise de l’économie sociale et solidaire spécialisée dans les colocations seniors et les maisons Alzheimer, explore en détail l’anosognosie chez les seniors, en fournissant des conseils pratiques pour en reconnaître les signes et des informations clés pour aider les aidants à soutenir leurs proches au quotidien.
Qu’est-ce que l’anosognosie ?
L’anosognosie désigne un trouble neuropsychologique. Il s’apparente à une méconnaissance ou une absence de conscience d’une déficience fonctionnelle chez le patient. Contrairement au déni, qui est un mécanisme de défense psychologique conscient, l’anosognosie est un état inconscient. Les personnes atteintes de ce trouble peuvent ne pas reconnaître qu’elles présentent des symptômes de maladies mentales ou physiques malgré les évidences claires et les diagnostics médicaux. Cette situation peut être extrêmement difficile à gérer pour les proches du malade. En effet, ce dernier peut refuser de l’aide ou une prise en charge adaptée à son état de santé, celui-ci étant dans l’incapacité de reconnaître sa condition.
Quelles sont les causes de l’anosognosie ?
L’anosognosie résulte généralement de dommages cérébraux, en particulier des zones qui affectent la perception de soi. Ce trouble peut être observé dans diverses conditions neurologiques et psychiatriques, telles que la schizophrénie, les troubles bipolaires, les AVC, les traumatismes crâniens et surtout les démences telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson. Les dommages cérébraux peuvent interférer avec la capacité du cerveau à évaluer ses propres altérations, entraînant une incapacité à reconnaître sa propre maladie.
Comment diagnostiquer l’anosognosie ? Quel test ?
Le diagnostic de l’anosognosie nécessite une approche multidisciplinaire pour assurer une évaluation précise du trouble :
- Évaluations cliniques : les professionnels de santé (médecins et psychologues) mènent des entretiens avec le patient et ses proches pour recueillir des informations sur la perception qu’a le patient de sa condition et son comportement quotidien. Ils observent les comportements et les interactions du patient pour détecter des signes d’absence de reconnaissance de ses propres déficits.
- Échelles d’évaluation : les médecins peuvent utiliser des évaluations comme l’Anosognosia Questionnaire for Dementia qui évalue la conscience du déficit. Ce questionnaire compare les réponses du patient à celles d’un soignant sur des aspects de la mémoire et des capacités de fonctionnement quotidien.
- Tests neuropsychologiques : les médecins peuvent utiliser des évaluations des fonctions exécutives ou des tests de mémoire. Les premiers permettent d’évaluer la capacité à planifier, organiser, résoudre des problèmes. Des déficits dans ces domaines peuvent suggérer des dommages dans les régions du cerveau associées à l’anosognosie. Les seconds permettent quant à eux de comparer les performances objectives du patient à ses propres évaluations de ses capacités. Des écarts importants peuvent indiquer une anosognosie.
- Imagerie par résonance magnétique : les IRM peuvent être utilisées pour observer les zones cérébrales endommagées et pouvant contribuer à l’anosognosie, comme le lobe frontal ou le lobe pariétal.
Pourquoi l’anosognosie survient-elle chez les personnes atteintes d’Alzheimer ?
Dans le contexte de la maladie d’Alzheimer, l’anosognosie est fréquemment liée à la détérioration des régions cérébrales responsables de la mémoire et de la cognition, telles que le cortex frontal. À mesure que la maladie progresse, la capacité d’auto-évaluation continue de se détériorer, rendant les patients de plus en plus inconscients de leurs propres limitations.
Existe-t-il des thérapies spécifiques pour l’anosognosie ?
Actuellement, il n’y a pas de traitement spécifique pour l’anosognosie. Les interventions sont principalement axées sur la gestion des conditions sous-jacentes.
Cependant, certaines approches thérapeutiques peuvent être bénéfiques pour aider les patients à mieux reconnaître leurs déficits et à s’engager plus efficacement dans la gestion de leur état. Voici quelques-unes des stratégies utilisées :
- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : pour les patients présentant une anosognosie légère à modérée, la TCC peut aider à augmenter la conscience de soi. Les thérapeutes travaillent avec le patient pour identifier les réalités de leur condition et développer des stratégies pour compenser leurs déficits.
- Rééducation : des programmes de rééducation conçus pour améliorer la fonction cognitive globale peuvent parfois aider à réduire les effets de la maladie. Ces programmes se concentrent souvent sur la mémoire, la résolution de problèmes, et les compétences organisationnelles.
- Thérapie occupationnelle : l’implication dans des activités quotidiennes et pratiques peut parfois améliorer la conscience de soi chez les patients en leur permettant de reconnaître et d’adapter leurs compétences à leurs capacités actuelles.
- Thérapie d’exploration des perceptions (insight-oriented) : les thérapies qui aident les patients à explorer et à comprendre leurs perceptions personnelles peuvent contribuer à une meilleure prise de conscience de leurs conditions. Cela est plus applicable dans les cas où l’anosognosie n’est pas due à des dommages cérébraux étendus.
Comment soutenir un proche atteint d’anosognosie au quotidien ?
Soutenir un proche atteint d’anosognosie implique de :
- Communiquer de manière positive et empathique : la sénilité peut entraîner des répétitions, des oublis, des changements d’humeur, et l’anosognosie le rejet de toute forme d’aide. Pour accompagner au mieux un senior atteint d’anosognosie, il convient de rester patient et compréhensif, d’utiliser un langage simple et positif, d’éviter les confrontations ou corrections constantes qui pourraient provoquer de l’anxiété. Il est important de reconnaître les limites de la conscience du patient et d’adapter les stratégies de communication en conséquence.
- Créer un environnement familier et sécurisant : il faut s’assurer que le domicile de la personne atteinte de dégénérescence cognitive est sûr et sécurisé pour prévenir les chutes et autres accidents. Cela passera notamment par le retrait des tapis, l’installation de rampes d’accès, le rangement des objets dangereux hors de portée.
- Établir une routine simple : une routine à suivre chaque jour est rassurant pour les personnes ayant des troubles cognitifs. Elle peut les aider à se sentir plus en sécurité, à mieux s’orienter dans leur quotidien et à limiter leur perte d’autonomie. Pour cela, il faudra veiller à organiser les tâches quotidiennes de manière ordonnée (heure du lever, soins personnels, repas, sorties, heures du coucher…) et à simplifier les tâches au maximum en les divisant en quelques étapes claires, compréhensibles par la personne âgée et faciles à réaliser.
- Utiliser des rappels : les dispositifs d’assistance comme les agendas électroniques, les applications de rappel, et même les post-its peuvent aider à se souvenir des tâches quotidiennes et ainsi à compenser les déficits de mémoire et de planification sans rappeler constamment à la personne ses limitations.
- Consulter des professionnels de santé : travaillez étroitement avec des médecins pour surveiller la progression de la condition sous-jacente et ajuster les plans de soin en fonction de changement de l’état de santé du senior.
Comment différencier l’anosognosie des autres troubles cognitifs ?
Différencier l’anosognosie des autres troubles cognitifs peut être complexe car elle peut coexister avec diverses formes de déclin cognitif, notamment dans les cas de démence comme la maladie d’Alzheimer. Cependant, il existe des caractéristiques distinctives qui peuvent aider à identifier l’anosognosie. Voici quelques clés pour y parvenir :
- Reconnaissance des déficits : l’anosognosie est spécifiquement caractérisée par l’incapacité du patient à reconnaître ses propres déficits. Dans d’autres troubles cognitifs, les patients peuvent reconnaître qu’ils ont des difficultés, même s’ils ne peuvent pas toujours en spécifier la nature ou la sévérité. Ceci facilite la mise en place de stratégie d’intervention. Ces derniers étant en général plus réceptifs aux traitements proposés.
- Réactions émotionnelles : les personnes atteintes d’anosognosie montrent souvent peu de préoccupation ou d’émotion par rapport à leurs déficits, car elles ne perçoivent pas leurs incapacités. Dans les autres formes de troubles cognitifs, les individus peuvent au contraire être perturbés, tristes ou anxieux à propos de leur état de santé.
- Conséquences comportementales : en raison de leur absence de conscience des déficits, les personnes souffrant d’anosognosie peuvent prendre des décisions dangereuses, comme prendre le volant alors que leur capacité à le faire est compromise. Les individus conscients de leurs déficits sont souvent plus prudents et évitent les activités risquées pour elles-mêmes et pour les autres.
FAQ
La complexité de ce trouble soulève souvent de nombreuses questions. Voici quelques-unes des interrogations les plus courantes et leurs réponses pour éclairer les seniors et leurs aidants.
L’anosognosie est-elle réversible ?
L’anosognosie, notamment lorsqu’elle est liée à des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, n’est généralement pas considérée comme réversible. Cela s’explique principalement par le fait que l’anosognosie est souvent causée par des dommages progressifs et permanents à certaines parties du cerveau, en particulier celles impliquées dans la perception de soi et l’auto-évaluation.
Dans des cas non neurodégénératifs, comme l’anosognosie suivant un AVC, il peut y avoir une certaine amélioration avec le temps, surtout si le cerveau réussit à récupérer ou à réorganiser ses fonctions. Les thérapies physiques et cognitives peuvent aider à récupérer une certaine conscience de soi, bien que cela dépende largement de l’étendue et de la localisation des dommages cérébraux.
Quels sont les premiers signes de l’anosognosie ?
L’anosognosie est un trouble difficile à identifier. Cependant, il existe des signes qui peuvent aider à détecter cette condition :
- Négation des symptômes évidents : refus pour le senior d’accepter le diagnostic médical établi (problèmes de mémoire, difficultés motrices ou d’autres symptômes évidents). Les individus peuvent donc ignorer ou refuser de suivre les traitements recommandés car ils ne croient pas être malades ou avoir besoin d’aide.
- Irritation ou colère face aux propositions d’aide : les personnes atteintes peuvent se sentir incomprises, ressentir de la frustration ou de la colère, lorsque les proches ou des professionnels de santé suggèrent de l’aide ou mentionnent les troubles.
- Prises de décision imprudentes : les seniors atteints peuvent, du fait de leur incapacité à reconnaître leurs limitations, prendre des décisions qui mettent leur sécurité ou celle d’autrui en danger.
- Incohérence entre les capacités auto-évaluées et les performances réelles : les individus atteints de ce trouble peuvent se décrire capables de réaliser des tâches complexes alors qu’en réalité, elles ne le peuvent pas. Elles auront également du mal à reconnaître les erreurs commises dans la réalisation des tâches simples. Cette incohérence peut souvent être observée directement par des tests ou des évaluations de performance.
- Absence de préoccupation quant à leur condition : les personnes souffrant d’anosognosie peuvent sembler étonnamment indifférents à leur situation et à ce qui pourrait leur arriver dans le futur.
Comment annoncer à un proche qu’il souffre d’anosognosie ?
Il est essentiel d’aborder ce sujet délicatement, soit dans un lieu calme et privé soir en consultation avec des professionnels de santé. L’approche doit être empathique, en évitant la confrontation directe qui pourrait mener à la résistance ou au déni. Vous pouvez commencer par exprimer votre préoccupation et votre amour pour lui. Cela peut aider à réduire les défenses. Utilisez des termes simples pour expliquer ce trouble. Partagez des observations spécifiques sur des comportements ou des incidents qui illustrent votre préoccupation. Évitez de le blâmer ou de le critiquer, et encouragez votre proche à partager ses pensées et sentiments. Entendre ses perspectives est crucial pour un dialogue ouvert. Reconnaître que les informations peuvent être difficiles à entendre et valider tout sentiment de frustration. Si ce n’est pas déjà fait, proposez une visite chez un médecin, dans le but de réaliser une évaluation. Toutefois, présentez cela comme une démarche en vue d’assurer son bien-être général et non comme une confirmation de ses déficits.
Quelles sont les conséquences de l’anosognosie non traitée ?
Sans reconnaissance et gestion appropriées, l’anosognosie peut entraîner :
- Une aggravation de la condition sous-jacente, une dégradation plus rapide de leur état de santé, et potentiellement des complications.
- Une augmentation des risques de chutes, d’accidents domestiques ou de blessures graves , une dégradation de la santé mentale et physique, et une charge accrue pour les aidants.
- Des difficultés dans la gestion quotidienne (défis dans l’hygiène personnelle, la nutrition, la gestion des finances, etc.)
- Une dégradation de la qualité de vie (isolement, augmentation de l’anxiété et de la dépression…)
L’identification précoce et la gestion de l’anosognosie sont cruciales pour atténuer ces conséquences et améliorer l’ensemble des résultats pour les personnes atteintes. Travailler avec des professionnels de la santé pour développer un plan de soins complet et intégré, qui inclut une communication adaptée et des stratégies de soutien, est essentiel pour aider les personnes ayant une anosognosie et leurs familles.
Les avantages du réseau Cette Famille
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Sources externes :