La grande consultation « Comment mieux prendre soin de nos aînés ? » co-organisée par Make.org et le Ministère des Solidarités et de la Santé, a pris fin en décembre 2018. Partenaire de cette Grande Cause nationale, CetteFamille a participé aux propositions en vue d’enrichir le débat citoyen.
La consultation fut un très grand succès qui prouve, une fois de plus, que le soin à nos aînés fragilisés compte parmi les préoccupations de tous à l’heure d’un vieillissement de la population. Ce sont 415 000 participants qui votèrent plus de 1,7 million de fois autour des 18 300 propositions faites sur la plateforme. Il en ressort plusieurs axes majeurs.
Retrouvez l’intégralité des résultats de l’enquête sur cette page.
A nouveau, nous sommes fiers et heureux de démontrer l’importance et l’utilité des modes de logement alternatifs à l’EHPAD pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Chez CetteFamille, nous sommes convaincus que l’accueil familial a plus que jamais un rôle à jouer pour la qualité de vie et d’hébergement des aînés. Voici quelques pistes pour le démontrer.
Pistes pour améliorer l’hébergement des séniors
Reprenons les résultats de l’enquête Make.org et mettons-les en perspective avec l’accueil familial. La consultation citoyenne soulève 7 points à améliorer ou renforcer, que voici.
1. Le renforcement du maintien à domicile
Le maintien à domicile des personnes est, et doit rester, la solution privilégiée lorsqu’elle est possible. Il est difficile de quitter son domicile, et certaines solutions comme le baluchonnage qui se développe en France, ou les aides à domicile (courses, ménage, toilette…) peuvent retarder une perte d’autonomie ou permettre au proche aidant de bénéficier de son droit au répit. Malheureusement, une perte d’autonomie plus importante, qu’elle soit soudaine ou progressive, peut provoquer une inadéquation entre le lieu de vie et les besoins de la personne. Escaliers ou salle de bain inadaptés, solitude génératrice d’un risque d’isolement… autant de risques qui peuvent rendre difficile, voire impossible, le maintien à domicile.
Dans ces conditions, l’accueil familial est une solution souple et adaptable qui permet une transition en douceur entre le domicile et une vie familiale, conviviale et entourée, avant que la perte d’autonomie ne s’aggrave. Dans le cas d’une difficulté temporaire à vivre chez soi, l’accueil familial peut s’envisager pour quelques semaines (après une chute ou une hospitalisation par exemple) avant de revenir chez soi.
2. L’amélioration de la qualité de l’accueil en établissement
L’accueil en maison de retraite (EHPAD) est collectif par définition. Il obéit donc à des impératifs qui doivent convenir à l’ensemble des pensionnaires et ne peuvent être adaptés à chacun qu’à la marge. Comme en témoignait Sophie, accueillante familiale que nous avions interviewée, la réglementation, les cadences, l’agenda et la vie en groupe des établissements impliquent une forme de standardisation. Limité à 3 personnes accueillies dans l’agrément d’accueil, l’accueil familial est plus personnalisé et permet aux accueillants de s’adapter au rythme de chacune et chacun. Toujours selon Sophie : « En EHPAD on ne peut pas participer à toutes les petites choses du quotidien : les repas, l’aménagement, débarrasser une table etc. Elles ont donc leur salle de bain, leur cuisine dédiée, en plus des chambres et de la pièce commune. Ici elles se lèvent et se couchent, quand elles veulent. Je les accompagne pour les garder autonomes, je suis là pour les aider et non pour les remplacer. »
Rencontre avec Sophie, accueillante familiale en Haute-Marne
3. L’aide aux aidants
Le meilleur moyen d’aider les aidants, c’est de leur permettre de savoir leurs proches entre de bonnes mains et de se reposer. L’accueil familial peut être prévu pour une durée courte, ou séquentielle (un jour par semaine par exemple) et entrer donc, de ce fait, dans le cadre du droit au répit des aidants. Chez CetteFamille nous allons plus loin en proposant de les décharger entièrement du volet administratif de l’accueil, et en réalisant pour eux les bulletins de rémunération, les déclarations CESU et les demandes d’aides tous les mois. Cette gestion administrative permet de soulager les aidants de ces préoccupations complexes et de souffler.
4. L’amélioration des conditions de travail des professionnels
Il est malheureusement connu que les conditions de travail en établissement peuvent être cause de stress et de fatigue conduisant parfois à la faute professionnelle. Ce sont les conditions de travail qui peuvent créer le risque d’une maltraitance : trop de résidents à charge, pression des cadences, manque de moyens… La réputation de certains EHPAD est malheureusement désastreuse. Pour les mêmes raisons, ce sont souvent les aidants qui sont les premiers maltraitants. Lorsque s’occuper de son proche en difficulté est vécu comme un poids, la santé des aidants peut s’en trouver lourdement affectée.
Nous l’avons évoqué : l’accueil familial limite à 3 le nombre de personnes accueillies. De plus, ces personnes vivent au domicile de leur accueillant et ce dernier organise la vie de la maison. Sophie témoigne à nouveau : « Pour être à mon rythme, au rythme des pensionnaires, au rythme de la vie, c’est le métier qu’il me fallait. »
Conscients que le métier d’accueillant peut parfois être difficile, chez CetteFamille nous avons décidé d’aller plus loin. Nous développons depuis 2016 des outils et services permettant aux accueillants de se reposer sur nous tout en profitant de la communauté des « Familles de CetteFamille ». En rejoignant notre réseau, ils bénéficient d’une visibilité nationale et gagnent du temps sur la recherche de personnes à accueillir – pour mieux se concentrer sur leur métier réel.
5. La réduction du coût de l’accueil
Pour les personnes âgées comme leurs proches aidants, le coût de l’accueil reste un critère central. Avec un reste à charge moyen, aides sociales déduites, de 1 784€ en EHPAD public et 2 613€ en EHPAD privé, le prix à payer est souvent vécu comme une charge très lourde sur le budget des familles.
Comme nous le mettions en avant dans notre article Résidences senior : comparatif des prix, le reste à charge de l’accueil familial est bien moindre puisqu’il est en moyenne de 1 078 € ! Les différents postes de dépense compris dans ce reste à charge sont détaillés sur cette page.
L’accueil familial va donc bien dans le sens d’une réduction du coût de l’accueil pour les familles. Et ce, sans jamais faire peser sur les personnes accueillies une qualité moindre de l’accueil, comme nous le prouvons ici.
Toutes les sources de ces chiffres sont disponibles dans l’article ci-dessous.
6. Le renforcement de l’accès à la santé des personnes âgées
Un mode de vie actif, tant physiquement que socialement, permet de tenir à distance les maladies liées à l’âge. La maladie d’Alzheimer, par exemple, peut être ralentie par la lutte contre l’isolement des personnes. Comme en témoigne notre websérie Le quotidien en accueil familial, ce type de logement permet à chacune et chacun de pratiquer des activités adaptées à son âge et à ses capacités. Adapter le mode de vie de chacun à ses pathologies, c’est d’abord raisonner en termes de capacité plutôt que d’incapacité.
Toutefois, l’accueil familial n’est pas un accueil médicalisé. On y vit « comme à la maison » c’est à dire sans équipe médicale dédiée comme c’est le cas en EHPAD par exemple. Selon Ange Finistrosa, Président de la Fédération Nationale des Associations Tutélaires (FNAT) : « L’accueil familial reste la solution la plus humaine. […] [Il] signifie aussi moins d’hospitalisation grâce à l’accompagnement quotidien. On technicise beaucoup la dépendance, à tort. On a tendance à considérer que l’hébergement d’une personne dépendante est si technique qu’il doit relever du soin – alors que ça n’est pas toujours le cas. Finalement, l’EHPAD n’est pas tellement meilleur que les accueillants familiaux sur ce plan là non plus, même si l’infirmière y est à demeure. En réalité l’accueil en famille permet une très bonne réactivité pour les personnes qui ne demandent pas une assistance 24h / 24 bien entendu. La dépendance ne devrait pas vouloir dire « hyper-médicalisation ». Elle peut concerner des gestes simples ; se lever, se laver, etc. Ça ne veut pas dire que la personne doit recevoir des soins médicaux constants. »
7. Le développement de lieux de vie ou de modes d’accueil innovants
Permettre aux personnes âgées, dépendantes ou non, de choisir leur lieu et leur vie, c’est leur permettre d’exercer leur liberté. Même atteints de maladies ou diminués par l’âge, les personnes doivent rester décisionnaires de ce qui est bon pour elles. L’accueil familial comme les autres formes d’habitat inclusif, n’a pas vocation à remplacer l’EHPAD qui reste une solution adaptée pour les personnes les plus malades. Toutefois, il existe de nombreuses personnes qui s’y trouvent orientées aujourd’hui simplement parce qu’elles ne connaissent pas les alternatives. Elles sont pourtant nombreuses.
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La Grande Cause nationale de Make.org vient de terminer sa phase de consultation. Il s’agit à présent de construire ensemble les solutions d’aujourd’hui et de demain, qui garantiront que vieillir ne soit plus synonyme de souffrance.