Il est primordial pour le professionnel de savoir gérer des phases d’agressivité ou d’agitation d’un résident. Il doit pouvoir identifier la frontière entre une agressivité normale ou pathologique et celle servant de mode relationnel. Comprendre l’origine clinique permet à l’accueillant d’orienter plus facilement son accompagnement. Pour le résident, il est également indispensable de mettre des mots sur ce qu‘il a ressenti avant, pendant et après l’épisode.
Les principaux facteurs favorisant l‘agitation ou l‘agressivité
Certains comportements peuvent découler d’une agressivité adoptée en tant que moyen relationnel, le résident adopte l’agressivité comme langage afin de partager ses besoins ou ses envies. Ce type d’agressivité non pathologique peut être mis en lumière autour d’un entretien afin d’apaiser les tensions.
Les facteurs de risque à prendre en compte :
- Difficultés relationnelles avec l’accueillant et/ou avec les autres résidents
- Difficultés à supporter un changement de situation ou un évènement stressant
- Accident vasculaire cérébral
- Maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer et troubles apparentés
- Troubles de la conscience
- Moments de stress intense
Comment prévenir un épisode d‘agressivité ?
Afin d’éviter la survenue d’un épisode d’agressivité, il est primordial de remarquer tout changement important dans le comportement du résident :
- Changement d’humeur fréquent, irritabilité importante
- La personne semble tendue
- Modification des habitudes, telles que les heures de repas, l‘absence à des activités récurrentes, etc.
- Modification des interactions avec d’autres personnes (repli sur soi, absence de réponse à des questions)
- Manque de concentration
Ces éléments constituent des sonnettes d’alarme qui précèdent un épisode d’agitation ou d’agressivité. Ils sont propres à chaque individu et ne peuvent être exhaustifs. La bonne connaissance du résident par le professionnel accueillant permet de repérer les signes avant-coureurs.
Que faire pendant un épisode d‘agressivité
Afin de stopper un épisode agressif, voici quelques techniques de désamorçage qui peuvent s’appliquer à différents stades :
L’agressivité au quotidien
- Des légères tensions au quotidien peuvent prendre la forme de remarque agressive qu’il ne faut pas négliger.
- Eviter le risque d’escalade en verbalisant les tensions afin d’identifier ce qui rend la personne agressive sur cet évènement particulier
- Prendre du temps pour apporter une réponse, se rendre disponible
- Rendre la réponse claire et la positionner dans le Projet d’Accueil Personnalisé (réexpliquer les limites posées)
- Surveiller les changements de comportement après la réponse apportée
La montée de la tension
- La personne attire l’attention de l’accueillant et affecte négativement l’ambiance générale de l’accueil. Proposer à la personne un tête-à-tête
- Si la personne refuse, le désamorçage de la situation peut se faire en lui faisant prendre conscience de la nécessité de stopper son comportement afin de revenir à une situation plus sereine, souhaitable pour tous.
- Le tête-à-tête doit être un temps dédié à l‘expression des besoins en tenant compte des difficultés de la personne à les verbaliser. Ce temps doit être bien distinct des activités habituelles de l‘accueil.
- La posture du professionnel accueillant est déterminante. Il doit se positionner comme un soutien en misant sur la dimension collective (utilisez-le « nous » afin d’inclure le résident), sur un ton calme et rassurant.
Le passage à l’acte
Dans cette situation, la tension est grande et une attitude violente, verbale ou non, peut survenir. Le résident peut être insensible aux interventions. Il est alors urgent de contenir ce comportement violent.
- S’isoler avec la personne, par exemple dans sa chambre
- Il est fondamental de proposer des alternatives et des choix à la personne afin qu‘elle conserve une sensation de contrôle
- Si c’est encore possible, proposer de nouveau un temps calme
- Si besoin, utiliser les limites préalablement fixées dans le Projet d’Accueil Personnalisé en proposant sa modification ou des évolutions
- Si la personne revient au calme, lui proposer un élément source d’apaisement comme un appel à la famille
- Si la violence continue ou s’intensifie, appeler les secours (112)
Baser la communication verbale sur :
- Le contrôle de soi, en ayant une posture adaptée et ne pas oublier que l’agressivité de la personne n’est pas dirigée contre l’accueillant, il n’y a rien de personnel dans cet épisode
- La délimitation de l’épisode dans l‘espace, en se mettant au calme et en maintenant une distance de sécurité d‘un bras entre la personne et soi-même
- La clarification de la situation, en demandant à la personne de verbaliser son comportement et en reformulant ses propos afin de clarifier le problème
- La résolution de l’évènement, en donnant des réponses aux questions ou en proposant des alternatives avec un entretien postérieur
- Le respect et l’empathie, en manifestant par exemple une écoute active et aucun signe de jugement